Passion dévorante, relation viscérale avec les chiens et le Wild… LE livre d’aventure par excellence !
Mon premier COUP DE COEUR de 2024 !
Le Jura, les étendues de neige, le vent glacial et le pâle soleil d’hiver sans chaleur, je suis dans mon élément ! Les souvenirs – et les rêves – d’enfance remontent en lisant les premières lignes de Sunka Mani et je me laisse emporter sans retenue par la relation hors du commun que l’auteur crée avec ses compagnons. Pour autant, cette passion commune pour le vide, le silence et les chiens ne suffit pas à réaliser un bon récit d’aventures (ni à mériter 5 fleurs sur mon blog ! 😉)
Dans Sunka Mani, Franck Denaene met par écrit une vie de passion pour les chiens, les exploits sportifs humains et canins. De ses premiers attelages conduits dans le Jura, la Nièvre et le Vercors, à l’aventure hors normes de la Moskova 96, le lecteur suit l’apprentissage, les doutes, la professionnalisation du musher.
Un récit d’aventures palpitant
La première partie du livre est consacrée au parcours d’apprentissage, à la constitution de l’attelage et aux entrainements et premières courses. Les passages sur l’éthologie [étude du comportement des chiens dans leur milieu naturel et dans leur meute] sont passionnants.
La deuxième moitié du livre est consacrée à la participation de l’auteur à la première édition de la Moskova, course sportive de 900km à travers la taïga au départ de Moscou. Rythmée par les bivouacs par -50°C, les soins méticuleux dispensés aux chiens, les accidents de parcours et rebondissements de la course, la lecture des pages défilent aussi vite que les kilomètres !
« Au bivouac je suis encore le treizième chien. En pleine nuit nous sommes réveillés par un hurlement aussitôt repris par les cinq cent chiens. C’est une modulation grave et profonde qui se heurte aux parois des montagnes et s’amplifie de son propre écho. (…) celle-ci [la meute] vient d’exprimer son unité et sans doute autre chose que je ne comprends pas mais je ressens dans mes tripes un message à travers le temps de fidélité à leurs origines. Un message dicté par l’instinct, cette part de l’intelligence universelle. »
(P.104)
Les paysages traversés sont sublimes. L’auteur parvient à les décrire, ainsi que les sentiments de liberté, de bonheur et de plénitude qu’ils lui procurent.
Les bien-être animal avant tout
La relation du musher avec ses chiens, et plus largement des Hommes avec le reste du vivant, est au centre du récit. Franck Denaene questionne l’utilitarisme, la brutalité et la réciprocité dans la relation avec pertinence et lucidité.
« J’observe l’attelage. il me semble bien fatigué. Le doute m’envahit, ce doute pernicieux, ennemi du bien, remplaçant la quiétude par l’angoisse. Angoisse de ne pas protéger mes coursiers des neiges, de n’être qu’un égoïste à la recherche de sa propre jouissance au détriment de la santé des chiens. Pourquoi leur imposer cela ? Qui suis-je pour croire qu’il me suffit de désirer pour obtenir satisfaction ? »
(P.21)
L’auteur témoigne de beaucoup d’amour et de respect envers ses coursiers. Au fil du récit, le lecteur découvre une relation profonde et sincère, faite de témoignages d’amour et de fidélité ténus mais puissants car les animaux ne savent pas feindre.
« Concentré, mon regard se porte sur Shy. Celui-ci, tout en continuant de trotter à bon rythme se retourne, me dévisage et sans attendre mon ordre, dévie imperceptiblement notre trajectoire, reprenant la bonne direction. Magie de la communication intuitive entre les êtres, je me sens alors comme flotter dans l’espace. (…) Oui, je le sais, cet état de plénitude émotionnelle et sensorielle est venu à ma rencontre. Les larmes coulent, irrépressibles sur mes joues. Je suis heureux comme jamais je ne l’ai été auparavant. Ce Wild exacerbe les sentiments et nous fait vivre le réel sans artifices, juste l’essentiel. »
(P.202)
Une vie de passion
Que se passe t-il lorsque l’on décide de suivre sa voie intérieure ? Comment concilier réalité matérielle et accomplissement du rêve d’une vie ?
« Je suis heureux dans cet espace vierge et infini. (…) …mais à Paris je ne suis pas heureux. Cette vie superficielle n’est pas la mienne. Mon âme se révèle en montagne, au coeur des forêts centenaires, auprès de mes merveilleux coursiers des neiges. Je dois être heureux, je dois sauver mon âme. »
(P.214)
Au delà des aventures à traineau, c’est un récit de vie passionnant que nous livre Franck Denaene. L’auteur nous offre ici un magnifique exemple de vie « alignée », pour reprendre un terme en vogue dans le milieu du développement personnel. On mesure surtout ce qu’il lui en coûte : maison, couple, finances…. tout est remué. Enfin, lorsque le rêve prend fin, comment se reconstruire ?
« Il faut parfois du temps et de la résilience pour accepter ce que nous reprend la vie. (…) Surmonter l’insupportable, la douleur de la perte et continuer à vivre, à prolonger le rêve, ne pas subir, ne pas lâcher, jamais… »
(P.226)
Sunka Mani est un énorme coup de coeur.
Paysages sublimes, personnages hauts en couleurs, amour, intrigues et suspens ! Ce récit emporte le lecteur à l’aventure dans des contrées sauvages. Je remercie chaleureusement les éditions Unayok de me l’avoir partagé dans le cadre d’un service de presse.
Ce récit d’aventures hors-normes est, vous l’aurez compris, également un récit de vie incroyable. Je ne peux qu’en recommander la lecture à tous les passionnés, quelle que soit la passion.
Pour consulter d’autres avis ou commander Sunka Mani, c’est par ici !
Si vous aimez les courageux qui quittent tout pour changer de vie et vivre l’aventure, découvrez A la poursuite d’une vente de liberté de Magalie Jagot, chroniqué en 2023.
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