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Il est très agréable de relire ce Best Seller qui a fait connaître Joël Dicker du grand public en 2014.
Avec Marcus Goldman, jeune écrivain imbuvable en vogue à New York, on ne s’ennuie pas. Après avoir été porté aux nues, Marcus est en manque d’inspiration pour écrire son deuxième roman. Il se morfond et décide de passer quelques temps chez son maître en écriture et ami, le célèbre écrivain Harry Québert. C’est alors que le cadavre d’une jeune fille disparue en 1975, Nola Kellergan, est retrouvé dans le jardin de Harry. Celui-ci est arrêté et, lorsque son histoire d’amour interdit avec l’adolescente est rendue publique, ses oeuvres sont condamnées. Marcus se lance alors dans une enquête informelle dans le but de réhabiliter son ami.
Un excellent polar
Vous l’aurez compris, cette enquête se lit d’une traite comme tout excellent polar. Ni sombre, ni emprunt d’érudition comme avait pu l’être en son temps le Da Vinci Code, il est sensé, bien ficelé et contient les ingrédients indispensables : suspens, rebondissements, personnages mystérieux…
Tout ceci se déroule dans un décor de station balnéaire du Nord-Est des Etat-Unis dans les années 70. Le lecteur est ravi de déjeuner un hamburger-café au diner de la bourgade, d’assister au spectacle de fin d’année du lycée, d’être invité à une garden party tenue dans les règles de l’art et de célébrer le 4 juillet. 🇺🇸
J’avoue que ce folklore américain me réjouit !
Un livre sur l’Amour
L’enquête sur le meurtre de Nola centre le propos du livre sur l’Amour interdit entre cette adolescente de 15 ans et Harry, 34 ans. Tout le roman questionne la notion d’amour face aux conventions sociales. Est-il mal de s’aimer ? Pourquoi les gens ne fléchissent-ils pas leur jugement face à la pureté de l’amour véritable ?
Ainsi, chaque protagoniste doit se positionner face à cet amour interdit. Dans le roman, le seul personnage capable de comprendre cet amour sincère et sans limite éprouve lui-même le même amour profond qui le conduit d’aileurs à renoncer à celle qu’il aime afin qu’elle soit heureuse avec un autre.
« Dans notre société, Marcus, les hommes que l’on admire le plus sont ceux qui bâtissent des ponts, des gratte-ciel, des empires. Mais en réalité, les plus fiers et les plus admirables sont ceux qui arrivent à bâtir l’amour. Car il n’est pas de plus grande et de plus difficile entreprise. »
18.Martha’s vineyard (p.361)
Autour de cette histoire principale, gravitent des personnages secondaires qui, tous, disent quelque chose de l’amour : amour filial de pères prêts à tout pour protéger leur fille, amour entre Marcus et Harry qui s’aiment comme un père et fils, mari maltraité qui reste un soutien à son épouse malgré tout, jeune homme qui tire un trait sur une carrière prometteuse pour rester près de celle qu’il aime…
C’est ainsi l’AMOUR qui dicte la majorité des actions. De ce fait, l’amour est bien le personnage central du livre. Néanmoins, Dicker introduit un contradicteur, le personnage parfaitement cynique qu’est le détestable Roth, l’avocat de Harry. Mû par l’argent et la célébrité, il est l’antithèse de tous les autres personnages :
« L’Amour, l’amour, toujours l’amour ! Mais l’amour, ça ne veut rien dire, Goldman ! L’amour c’est une combine que les hommes ont inventé pour ne pas avoir à faire leur lessive ! »
11. En Attendant Nola (p.558)
La liberté comme fardeau
Peut-on s’affranchir des conventions sociales ?
De fait, les personnages du roman qui parviennent à conquérir leur liberté sont aussi les plus malheureux : Nola, Harry, Luther Caleb, Tammara Quinn… car pour tous l’affranchissement des normes sociales rime avec solitude, qu’elle soit physique ou psychologique.
« Nous vivons dans une société d’employés de bureau résignés, et il faut, pour se sortir de ce mauvais pas, se battre à la fois contre soi-même et contre le monde entier. La liberté est un combat de chaque instant dont nous n’avons que peu conscience. »
25.A Propos de Nola (P.181)
Ainsi, il y aurait encore beaucoup à dire sur les tribulations des habitants de cette charmante ville de province, tant les personnages sont attachants.
Note et Avis :
Note : 5/5
Ce livre est un vrai page-turner grâce à la qualité de l’intrigue et la fluidité des événements. Les rebondissements sont juste assez nombreux pour ne pas lasser ou perdre le lecteur.
De plus, derrière l’intrigue prenante, Joël Dicker livre quelques passages plus profonds sur l’amour, le sens de la vie et les relations humaines.
Du même auteur, je vous conseille également la lecture de L’Affaire Alaska Sanders (2022) dans lequel Marcus Goldman retrouve son acolyte le sergent Perry Gahalowood pour une nouvelle enquête trépidante.
Pour lire la critique de L’Affaire Alaska Sanders, cliquez ici.
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