En partance pour Bali, j’ai ouvert L’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle en espérant y trouver de belles descriptions de l’île et de ses habitants, des coutumes ainsi que des leçons de sagesse hindouiste (religion majoritaire dans l’île).
Une histoire peu crédible
Cette lecture fut extrêmement décevante en tous points. Le livre démarre mal, avec une citation de Bouddha alors que la majorité des Balinais est hindouiste. L’intrigue du roman se résume à une succession de rencontres entre le narrateur et un sage balinais Maître Samyang. Le rythme du livre est donc assez lent et l’histoire franchement inintéressante. De plus, dès la première rencontre, les dialogues sont très peu crédibles. On comprend très vite que ce sage a probablement été inventé de toutes pièces pour donner une assise aux enseignements que Laurent Gounelle veut dispenser à la ménagère occidentale. L’auteur ne s’embarrasse d’ailleurs pas de vraisemblance. Il évacue d’un revers de manche les suspicions que le lecteur pourrait formuler : « J’aurai facilement juré qu’il n’avait jamais quitté son village, et j’avais du mal à concevoir que ce vieillard de l’autre bout du monde ait puisé sa sagesse dans les recherches occidentales [Statistiques américaines sur les effets des placebos en médecine]. Bizzare. »
Un rendez-vous manqué avec Bali
Ensuite, le voyage à Bali n’est qu’un prétexte à la rencontre avec un sage transmettant les clés du bonheur au narrateur. Les descriptions de l’île sont sommaires et banales. Elles se limitent presque exclusivement aux trajets en scooter autour d’Ubud. De même, les habitudes choisies pour descriptions sont pauvres (enlever ses chaussures en entrant dans une maison, indications sur la conduite automobile, …). Elles apportent peu au livre.
L’évocation des coutumes balinaises semble surtout prétexte à enfoncer les vérités révélées dans l’esprit du lecteur qui aurait du mal à les comprendre :
« Ici le temps n’avait pas d’importance. Il était l’heure qu’il était, c’est tout. (..) De toute façon chaque journée offrirait aussi bien du soleil que de la pluie. C’était ainsi. Les Balinais acceptaient ce que les dieux leur donnaient sans se poser de questions embarrassantes. »
Une narration trop convenue
L’écriture est pauvre et informelle. L’intrigue caricaturale se termine par un rite de passage et une renaissance symbolique suite à un bain prolongé dans la mer et une nuit passée sur la plage. Lorsque le narrateur se réveille, son rite initiatique est terminé. Il prend d’ailleurs l’avion du retour le même jour pour commencer sa nouvelle vie.
Enfin, au terme de ses rencontres, l’auteur réalise qu’il détient LA définition du bonheur :
« A l’inverse, si l’on se contente d’accumuler des biens matériels, alors la vie se vide de son sens. On se déssèche petit à petit. Regardez autour de vous : les personnes qui ont passé leur vie à accumuler sans rien donner sont déconnectées des autres. Elles n’ont plus de vraies relations humaines. Elles ne sont plus capables de s’intéresser sincèrement à une personne, ni d’aimer. »
Il semble également avoir acquis la capacité d’analyser les comportements humains. Une rapide observation des interactions de quelques clients d’un café lui suffit. Le narrateur est visiblement devenu spécialiste de l’âme humaine en 5 jours !
L’auteur utilise un ressort argumentatif grossier. Les figures du disciple (une enfant de 6 ans rencontrée sur la plage) et du contradicteur (le voisin sceptique) sont caricaturaux.
Avis et Note
Note 1/5 : Je déconseille la lecture de ce livre qui ne tient pas ses promesses tant du point de vue de l’intrigue que des enseignements de développement personnel très basiques. Ce livre pâtit d’un trop-plein de bons sentiments. Par exemple, le narrateur transcendé est désormais avide de transmission. Il délivre de façon caricaturale et emphatique les clés du bonheur à une enfant rencontrée sur la plage:
Je tombais à genoux dans le sable, me mettant à sa hauteur. (…)
-Andy, ne laisse jamais personne te dire ce dont tu n’es pas capable. C’est à toi de choisir et de vivre ta vie. »
Pour une découverte de Bali, je conseille de lire le roman haletant Les Soeurs de l’Océan de Lucy Clarke, dont une partie se passe sur l’île.
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