Récit d’un parcours initiatique au milieu de paysages glacés grandioses.
Grâce à une écriture simple mais élégante, Olivier Bleys nous transporte dans les Andes aux côtés du narrateur, Jonas, pilote d’hélicoptère qui se retrouve coincé dans le refuge de haute montagne Maravilla. Il y cohabite avec le gardien du refuge, sympathique et bourru, ainsi qu’avec un garde-frontière de passage. La vie et les conversations s’organisent entre essentiel et insignifiant.
La solitude des montagnes
Le lecteur est bien au chaud dans le refuge pour découvrir le spectacle grandiose du haut d’une falaise gris anthracite battue par les vents violents et glacés. La tempête soulève la neige et la colle, épaisseur après épaisseur, à la baie vitrée surplombant le vide. Lentement, insidieusement, l’étrangeté et le mystère s’installe dans ce huis-clos.
Une force me retient ici. C’est à peine si je peux lever les fesses de ce fauteuil ! Des heures durant, le front contre la vitre, les mains autour d’un bol de lait qui caillait sans que j’aie bu, je remuais des idées sombres, comme on touille une mare du bout d’un baton.
(P.87)
Un parcours initiatique
Nous, les vivants ne raconte pas uniquement le récit du quotidien esseulé dans l’immensité blanche et hostile. C’est en réalité le récit d’un chemin initiatique vers le renoncement qui permet d’accéder à l’essentiel, mais aussi de s’en libérer.
Certains s’obstinent à remonter le flot. Il suffirait pourtant qu’ils se laissent porter avec les feuilles et les brindilles. L’eau ne fait pas mystère du sens de son écoulement.
(P.128)
Le titre, le sens du livre, les mystères épais, tous s’éclairent dans les deux derniers chapitres. J’ai trouvé dommage que l’ensemble du livre repose sur un paragraphe d’une demi-page. On ressort de la lecture sans avoir été transporté par les révélations somme toutes assez banales.
On voudrait s’éterniser comme des cristaux, durcir en diamants et scintiller comme eux dans la profondeur du sous-sol. Nous, les vivants. (…) Voila ce que nous voudrions être : des joyaux.
(P.178)
Note et avis
3/5 : Lorsque la vraisemblance disparait, et que le récit dérape, je me sens laisée. De plus, ce roman ne peut combler le lecteur en quête de grands espaces et de sens. Pour ma part, j’ai surtout apprécié la qualité de l’écriture, les descriptions des paysages et du fonctionnement de l’hélicoptère. Les pointes d’humour du narrateur, souvent sous forme de dérision sont également appréciables mais l’on ne sort pas bouleversé de ce roman.
Uspallata, qui occupait le fond d’une large vallée, ne présentait aucun relief. (…) On y entrait d’un côté, on en sortait à l’opposé sans avoir trouvé nulle part où poser son regard ni loger son attention. (…) Aux carrefours se dressaient quelques crucifix grandeur nature, en plâtre, dont le torse maigre, peinturluré de blanc ou de jaune, s’écaillait piteusement au soleil. J’ai vu pendre du linge aux bras de ces christs difformes.
(P.19)
Autre roman de voyage initiatique, je vous déconseille vivement l’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle. Lisez l’article complet de ce désavoeux ici.
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