Vacances entre potes sous le soleil de Provence
L’Ivresse des libellules est le premier livre de Laure Manel que je lis. Tombé dans mes mains par hasard, je me suis laissée séduire par ce roman feel-good (malgré mon aversion pour ce genre) car l’intrigue se déroule en Ardèche, non loin de ma Provence natale, que je m’apprête à retrouver pour les vacances. De même que lors de la lecture de Cap Canaille, cela donne un agréable avant-goût des vacances !
Un groupe de 4 familles nantaises partent chaque année en vacances ensemble. Mais cette année est un peu spéciale, puisque ces quadras décident de s’octroyer le luxe de partir entre adultes. Sans enfant à gérer, tous anticipent un séjour relaxant dont le programme sera décidé au fil de l’eau et des envies. Villa de rêve, visites de sites classés, canoë sur l’Ardèche et randonnées dans les collines au chant des cigales… Le décor est idyllique. Mais changer la recette gagnante est parfois risqué. Quand la belle Valentine s’agrège au groupe, l’équilibre vacille dangereusement.
Un roman entrainant
Même si l’idée de départ a un air de déja vu (notamment depuis le film de Guillaume Canet Les petits mouchoirs sorti en 2010), on se laisse prendre par l’histoire. Pourtant, je regrette que le déroulé journalier des vacances fasse un peu catalogue d’office de tourisme – un jour = un lieu incontournable – sans trop de finesse. On navigue au gré des humeurs et des activités.
Ce roman se lit rapidement. Chaque lecteur trouvera un personnage auquel s’identifer, et ainsi participer lui-même symboliquement aux vacances du groupe, ce qui est plutôt intéressant.
Un bémol tout de même, car chaque personnage est construit comme un stéréotype. Cela affaiblit le roman car caricatures et clichés ne sont jamais loin. Par exemple, le personnage de Sybil, belle et chiquissime quadra sans enfant est excessif et manque de nuances même s’il est rappelé à plusieurs reprises qu’elle a aussi « de bons cotés » sans qu’on ne puisse réellement les voir.
La crise de la quarantaine
La présence de Valentine, la belle et ingénue célibataire, renvoie chacun, homme et femme, à ses propres désirs et aspirations. A 40 ans, la vie est bien engagée. Il en faut peu pour se questionner le sens de sa vie et ce que l’on veut faire du temps qui reste. Ce livre a le mérite de poser des questions intéressantes sur le couple, la fidélite et l’amitié :
« Est-ce que les humains sont vraiment faits pour la monogamie ou bien est-ce que c’est la religion qui a « importé » une morale bien pensante qui fustige les relations extra-conjugales ? Est-ce qu’on peut aimer deux personnes à la fois ? Est-ce qu’on peut aimer la même personne toute sa vie ? »
(P.239)
Chaque personnage semble porteur d’une vision différente sur le sujet. La richesse de ce roman naît de la confrontation, parfois explosive, des points de vue. Je regrette seulement que l’auteure propose des réponses très convenues à ces questions.
« Tous les couples traversent des crises. (..) Les couples qui durent n’ont pas su les éviter, ils les ont surmontées, c’est différent. »
(P.362)
Le style d’écriture n’est pas des plus élégants. La lecture, bien que rapide, accroche régulièrement sur des phrases au registre trop familier. Avec cette lecture, il ne faut pas s’attendre a un bouleversement littéraire, mais plutôt chercher à consommer un moment de détente. Ainsi, la phrase la plus travaillée du roman me semble être celle-ci :
« Il la prend dans ses bras et la serre fort. Autant qu’elle lui a fait du mal, et autant qu’il l’aime quand même. »
(P.373)
Malgré un a priori plutôt mauvais, j’ai lu ce livre en trois jours – un record en vacances scolaires ! La lecture m’a apporté un avant-goût de vacances appréciable mais je n’ai pas appris grand-chose.
Ainsi, ce roman manque de nuances, comme si le travail préparatoire n’avait pas été assez étoffé. Les personnages assez caricaturaux, le déroule façon « catalogue des choses à faire en vacances » et les réponses un peu convenues apportées aux questions existentielles m’ont ainsi laissée sur ma faim.
Il s’agit donc d’un roman feel-good qui aurait mérité d’être plus abouti.
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