Famille modèle d’Eric Puchner est un roman à l’humour acide qui décrit minutieusement comment les rêves peuvent brûler l’existence.
Warren entraine sa famille loin de leur vie tranquille et confortable du Wisconsin en direction de la Californie à la poursuite du rêve américain. Cette nouvelle vie surdimensionnée, opulente, écrasante de soleil et de signes ostenssibles de richesse créée de toutes pièces – et un peu à crédit – par Warren est un pari sur l’avenir. Le père de famille compte faire fortune en construisant un lotissement sécurisé de maisons bon marché en plein désert. Lorsque la création d’une décharge publique vient gripper l’ascensseur social de Warren, il ne peut se résoudre à avouer ses imprudences à sa famille.
Une expérimentation psychologique
Loin d’être mécanique, ce roman fonctionne pourtant comme une expérience sociale et psychologique : après un coup du sort initial, chaque personnage se débat dans sa propre existence, avec ses propres ressources et plus ou moins de succès.
« En tant qu’homme, on vous conditionnait tellement à croire qu’il fallait avoir de l’ambition, que sans elle on était perdu, mais au fond, ça changeait quoi ? En tout cas, rien ou presque, ne prouvait que ça rende heureux. »
L’auteur dissèque méticuleusement les états d’âme de chacun des cinq membres de la famille grâce à l’alternance de narrateur à chaque chapitre. Oscillant entre espoirs et désespérance, rêves et désillusions, chacun trouve ses propres raisons de poursuivre et de subir sa vie face à l’implacable enchainement des événements.
En effet, dans cette famille modèle, les parents sont pathétiques et attachants, les enfants pleins de rêves et d’humour caustique… et la vie impitoyable.
« Vieillir, c’était un jeu d’enfant; il suffisait de s’entendre avec notre moi le plus veule. »
Avis et Note
A travers l’histoire des Ziller, Eric Puchner parvient à faire le portrait de toute une partie de la société américaine : les marginaux, les laborieux, les laissés pour compte du rêve californien.
Un roman qui pique, qui brûle et qui asticote mais qui délecte qui aime l’humour cynique et les personnages irrévérencieux.
Note 3/5 : Pour l’humour caustique et l’écriture fluide. Le déterminisme et l’aspect expérience sociale « à la Zola » m’ont un peu gênée.
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