Les Soeurs de l’Océan de Lucy Clarke dissèque avec justesse les relations souvent ambivalentes d’amour et de haine entre les soeurs.
Pour Katie, la mort brute de sa soeur, un suicide, est inconcevable. C’est pourquoi, lorsque le corps de Mia est retrouvé au pied d’une falaise de Bali, Katie part sur les pas de sa cadette, en quête de réponses et de vérité.
De pays en pays, elle s’accroche au journal de voyage laissé par Mia. Dernier lien la raccorchant à cette soeur qu’elle aime tant, le journal lui montre qu’elle ne la connait pas, plus. Un chemin de croix douloureux et expiatoire.
Une plongée dans les relations fraternelles
Souvent faites de jalousies et d’admiration, de non-dits et d’horreurs envoyées au visage, les relations entre soeurs oscillent entre amour et haine. Les rancoeurs sont nombreuses et collent pour la vie. La mort, elle, les rend insignifiantes. Mais permet-elle de pardonner ? de se pardonner ?
Me voici, Mia, exactement à ta place. Six mois trop tard. Qu’est ce que tu éprouvais ? Un sentiment de solitude si intense que tu avais l’impression d’avoir été vidée d’une partie de ton être ? C’est ce que je ressens sans toi. J’ai toujours cru que si tu courais un danger je le saurais. J’étais persuadée qu’une séquence de notre ADN hurlerait tellement fort que je l’entendrais dans mon corps. Cela n’a pas été le cas. (…) Je dormais, tu sautais.
De belles descriptions
Les Soeurs de l’océan est bien écrit. Le vocabulaire est riche et les structures des phrases sont poétiques : « Dix-huit mois plus tard, Ed s’agenouillait pour lui offrir un diamant et une vie ensemble ». Les descriptions des paysages sont nombreuses et détaillées et chacune d’entre elles convie les cinq sens. La lumière jaune ou orangée, les senteurs de frangipanier et de jasmin, la sensation de l’eau fraîche ou du sable brûlant sur la peau parsèment le roman.
L’air sentait le parfum, un mélange de pétales infusé dans l’air humide. Elle enleva ses tongs et pataugea dans le sable chaud, qui avait pris la teinte rosée du soir.
Tant d’exactitude s’explique sans doute par le fait que Lucy Clarke vit elle-même une partie de l’année en voyage. Elle se sert de ses propres souvenirs et sensations de nomade pour enrichir son roman. Les paysages magnifiques parviennent ainsi à l’imagination du lecteur. Les détails de la vie et des fêtes des jeunes voyageurs occidentaux en Asie sont également très réalistes.
« Un magnifique soleil rouge commença à apparaitre derrière le cratère, dieu majestueux dans toute sa gloire immense. Comme il se levait, la lumière coulait sur le paysage lunaire, transformant tout en un rouge terrestre profond. »
Avis et Note
Note 4/5 : C’est un roman a suspens réussi, qui se lit rapidement et avec intérêt. Le regard croisé des deux soeurs qui s’aiment autant qu’elles se détestent rythme le récit et ménage des rebondissements jusqu’à la fin.
Ainsi, je recommande la lecture de ce roman construit comme un polar pour passer un bon moment et se réconcilier avec l’écriture simple, riche et efficace. ce roman décrit avec justesse les difficultés de communiquer avec les gens que l’on aime le plus, sans ne jamais tomber dans le dolorisme ou le jugement.
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