L’aventure hors normes autour du monde de Magalie et Cyril, un couple de quadragénaires pleins d’humour.
« Plus tard, ce sera trop tard. Notre vie c’est maintenant. » (Jacques Prévert)
cité p.180
Ce constat fait, le départ a sonné pour eux il y a plus de 12 ans. Un premier tour du monde en famille, relaté dans « Hisser les voiles jusqu’au bout de ses rêves », et les voilà repartis pour le deuxième tour ! Ce nouveau périple démarre en Nouvelle-Calédonie, dans l’Océan Pacifique pour nous conduire jusqu’aux Antilles. Australie, Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Sri Lanka, Tanzanie, Namibie, Guyane et Antilles enfin ! Que d’escales, de paysages somptueux, d’aventures, de belles rencontres, et d’infortunes aussi !
Un récit de voyage en réalité augmentée
Tout au long de la lecture, je me suis interrogée sur la pertinence de publier un carnet de voyage sous forme de livre lorsque l’on a déjà une chaine YouTube qui rassemble plus de 10 000 fans (15 000 aujourd’hui).
Prenez un instant pour consulter les magnifiques vidéos de Catamaran Black Lion ici !
La lecture des 519 pages manque un peu de fluidité car par nature, le carnet de bord induit la répétition et tourne souvent autour d’éléments pratico-pratiques rarement transposables dans la vie du lecteur. Par exemple, l’auteure explique avec passion les manœuvres des voiles en fonction des vents et des courants. Ces passages sont pleins d’enseignements pour des navigateurs débutants ou confirmés mais ne me semblent pas utiles pour les néophytes comme moi.
La vie au grand air
A la Poursuite d’un vent de liberté mérite d’être lu pour les descriptions des sublimes paysages que Magalie Jagot esquisse. J’ai particulièrement été sensible à la description des bruits au petit matin dans la forêt indonésienne :
« Les sons qui résonnent proviennent plutôt des singes, des criquets ou encore des grenouilles. De jour, les bruits sont différents. A l’aurore, quand la brume plane encore sur la rivière, ce sont les gibbons qui semblent donner le coup d’envoi. Leurs cris très distinctifs percent la forêt telle une sirène d’alarme et la vie reprend de plus belle. Les chauves-souris géantes, par nuées, investissent le rivage, les Hornbills, emblème de Malaisie, survolent la canopée, les macaques malicieux s’agitent, les nasiques à l’appendice nasal marqué nous observent et il y a tous les autres, des centaines d’espèces d’animaux et de végétaux qui font de cette forêt de Kalimantan un lieu si saisissant. »
Kalimantan, Indonésie (P.73)
De plus, chaque escale est l’occasion de découvrir un nouveau paysage, un nouveau peuple, un nouveau mode de vie et des coutumes. Il me semble qu’en cela réside le grand intérêt de ce livre. En effet, les explications historiques ou contextuelles fournies par Magalie Jagot offrent une compréhension plus profonde de la complexité des territoires visités. Le livre est un excellent complément aux vidéos pour les fans souhaitant aller plus loin.
« Voyager, c’est aller à la rencontre des autres cultures, aiguiser sa curiosité, s’enrichir d’une multitude de découvertes, culinaires, religieuses, musicales ou encore linguistiques. »
P.171
Un constat alarmant pour la biodiversité
J’ai particulièrement apprécié les considérations plus philosophiques sur la juste place de l’humain au sein de la nature. Sans moralisation, l’auteure exprime sa tristesse face à la pollution engendrée par l’activité humaine dans les océans et les conséquences sur la biodiversité. Cette démarche rend sa voix audible.
« Sachez-le, nous sommes tous, autant que nous sommes, de minuscules particules qui peuvent à tout moment, parce que mère nature l’a décidé, disparaitre ! Nous ne sommes au dessus de rien, nous n’avons aucun droit sur la nature, c’est elle qui détient le dogme de nos vies. »
P.154
« L’heure n’est plus de se déculpabiliser en culpabilisant les autres, car nous y sommes tous pour quelque chose. C’est à nous tous d’agir en commençant par sensibiliser et en changeant nos habitudes. »
P.84
Magalie Jagot évoque également le tourisme de masse, la bétonnisation des littoraux, la déforestation, l’exploitation minière ou agricole intensives, l’absence de moyens pour assurer le traitement des déchets. Ces phénomènes, déjà bien connus du grand public, restent pourtant assez abstraits pour la plupart. Ce voyage à grande audience leur donne un visage.
« A Phuket, un prélude de prise de conscience semble vouloir émerger. (…) D’un côté, le royaume de Siam, de l’autre, le joyau de Kedah, et entre, quasiment 200 km dont 140 sont minés de milliers de cubes de polystyrène accrochés à du cordage par vingt mètres de fond (…) En se dégradant, le polystyrène dégage des millions de micro billes qui se retrouvent à la surface des océans puis sur nos rivages. «
P.84
De l’authenticité et des situations cocasses
Cyril et Magalie présentent un récit emprunt d’authenticité. Heureux et fiers de partager leur aventure hors normes, ils n’en oublient pas pour autant d’écrire avec transparence les sentiments qui les traversent : le bonheur infantile lorsqu’ils retrouvent leur fils, les blagues potaches, le découragement parfois face aux difficultés de navigation…
De même, les moments difficiles ou moins valorisants ne sont pas éludés. Les situations délicates et cocasses réhaussent le récit d’une pointe d’autodérision appréciable. Tout ceci donne beaucoup de crédibilité au récit, loin des poncifs véhiculés par la jeunesse YouTubeuse.
Le voyage de Cyril et Magalie est une fenêtre ouverte sur les merveilles du monde. Ce couple nous rappelle aussi qu’il ne tient qu’à nous de nous fabriquer la vie qui nous convient. Toujours regarder au-delà des conventions, s’extraire de ses habitudes et lever l’ancre ! En cela, ils incitent au grand départ.
Ainsi, je recommande la lecture de ce carnet de voyage, que j’ai apprécié notamment grâce à la présence de la réalité augmentée (avec plus de 160 QR codes, oui oui, ça scanne à tout va ! 😂). Le dépaysement est garanti ! ⛵
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Si vous aimez les carnets de voyage, je vous conseille également celui de Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs que j’ai chroniqué le mois dernier.
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