Un excellent Joël Dicker
Avec L’Affaire Alaska Sanders, Joel Dicker propose une suite à la hauteur de son Best Seller La Vérité sur l’affaire Harry Québert (2012) . Ainsi, comme le premier opus, ce roman est si entrainant qu’il est difficile de le lâcher avant d’en avoir terminé les 569 pages.
Une histoire d’amitié et de réparation
Le lecteur retrouve Marcus Goldman, jeune écrivain à succès en plein questionnement sur le sens à donner à sa vie personnelle. Survint le décès d’Helen, l’épouse de son ami le sergent Perry Galahowood. Marcus retrouve donc le compagnon d’enquête avec qui il a innocenté son ami Harry Québert soupçonné de meurtre deux ans auparavant.
Juste avant son décès, Helen reçoit une mystérieuse lettre remettant en doute l’issue de l’enquête de Perry sur le meurtre d’Alaska Sanders 11 ans plus tôt. Il n’en faut pas plus pour attiser la curiosité de Marcus Goldman. Celui-ci commence alors une investigation informelle tant pour tromper son ennui et que dans l’espoir de fournir des réponses à son ami endeuillé.
Marcus et Galahowood vont mener une enquête haletante suite à la réouverture du dossier Alaska Sanders. De nombreux rebondissements ponctuent ce roman. Ceux-ci, s’ils sont attendus par le lecteur, ne peuvent être prévus. La vérité cachée derrière les écrans de fumée n’est révélée qu’à la toute fin du roman.
Un polar trépidant
Joël Dicker ménage en maître le suspens, les rebondissements grâce à une écriture simple et fluide et des relances à chaque chapitre. L’alternance de trois histoires – l’enquête sur le meurtre d’Alaska Sanders, la vie personnelle de Marcus et la disparition de son ami Harry Québert – donnent beaucoup de rythme à ce roman.
En plus d’être un excellent polar, L’Affaire Alaska Sanders donne un aperçu de ce à quoi ressemble la vie quotidienne dans une petite ville provinciale du New Hampshire. Le livre y décrit l’enfance insouciante, les rêves d’adolescence, les projets de jeunes adultes et enfin la réalité des destins à l’âge adulte. Entre rêves d’Ailleurs et ancrage local, chaque personnage a fait ses choix, en dehors des déterminismes sociaux et familiaux.
Une histoire de réparation et de pardon
Les thèmes de la réparation et du pardon sont les fils conducteurs du roman. Comment Marcus peut-il se pardonner ce qui est arrivé à ses cousins, les Goldman de Baltimore ? Comment Perry peut-il réparer ses erreurs dans l’enquête sur le meurtre d’Alaska Sanders ? Les personnages secondaires sont également pris dans les tourments des regrets et de la lâcheté.
Enfin, la relation d’amitié entre Marcus et Perry mâtine le roman d’une agréable nostalgie.
La nostalgie est notre capacité à nous convaincre que notre passé a été pour l’essentiel heureux, et que par conséquent nos choix ont été les bons. Chaque fois qu’on évoque un souvenir et qu’on se dit « c’était bien », c’est en fait notre cerveau malade qui distille de la nostalgie pour nous persuader que ce que nous avons vécu n’a pas été vain, que nous n’avons pas perdu notre temps. Parce que perdre son temps, c’est perdre sa vie.
Enfin, Marcus est désorienté par le succès de son premier roman. Aux prises avec les sirènes de la popularité et de l’argent, il est à la recherche de lui-même.
Le piège de l’argent, Marcus, c’est qu’il peut acheter toutes les sensations, mais jamais de véritable sentiment. Il peut donner l’illusion d’être heureux sans l’être vraiment, d’être aimé sans l’être réellement. L’argent peut acheter un toit, mais pas la sérénité d’un chez soi.
Avis et Note :
Joël Dicker épargne aux lecteurs une histoire de déterminisme larmoyante pour le faire rêver à travers les yeux d’un groupe de jeunes étudiants devant qui la vie s’ouvre et pour qui tout est possible.
Si les deux précédents romans de Joël Dicker – La Disparition de Stephanie Mailer et L’énigme de la chambre 622 – furent un peu décevants, celui-ci me réconcilie avec l’auteur. En effet, les personnages ont plus de consistance et leur personnalité est mieux définie.
Note : 4/5 – Les mêmes défauts que dans les précédents romans nuancent l’excellente histoire : écriture très simple, relances perpétuelles pour accrocher le lecteur. Si elles viennent chatouiller la corde sensible des fans de Joël Dicker, les allusions perpétuelles à La Vérité sur l’Affaire Harry Québert ainsi qu’au Livre des Baltimore (2015) peuvent aussi agacer.
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